Angré et Deux Plateaux : deux marchés résidentiels denses, deux logiques différentes
Pourquoi des quartiers souvent perçus comme similaires ne fonctionnent pas de la même manière
Introduction
À Abidjan, Angré et Deux Plateaux sont souvent regroupés dans une même catégorie : quartiers denses, résidentiels, actifs, situés dans la commune de Cocody. Cette association est compréhensible — mais structurellement trompeuse. Car derrière une densité comparable, ces deux zones répondent à des logiques résidentielles distinctes, qui influencent :
- la stabilité du parc de logements,
- la lisibilité des usages,
- et la prévisibilité du marché.
Cette analyse ne cherche pas à déterminer quel quartier est « meilleur », mais à expliquer pourquoi ils ne fonctionnent pas de la même manière.
1. Une densité similaire ne signifie pas une structure identique
Angré et Deux Plateaux présentent tous deux :
- une forte concentration de logements,
- une présence marquée d’immeubles collectifs,
- une activité résidentielle soutenue.
Mais cette densité repose sur des trajectoires urbaines différentes :
- Deux Plateaux s’est densifié par superposition progressive : lotissements initiaux, puis divisions, extensions, transformations.
- Angré s’est développé par extension planifiée, avec des phases successives clairement identifiables.
La densité est donc le résultat d’un empilement dans un cas, et le produit d’une expansion structurée dans l’autre.
2. Prévisibilité des usages résidentiels
Un marché résidentiel fonctionne d’autant mieux que l’usage des logements est lisible.
À Deux Plateaux
- coexistence fréquente de logements résidentiels, bureaux et activités mixtes,
- transformations ponctuelles d’immeubles selon les opportunités.
Cette variabilité crée une adaptation efficace mais difficile à anticiper.
À Angré
- usage majoritairement résidentiel,
- typologies plus homogènes à l’échelle des sous-zones,
- transformations plus lentes et plus visibles.
La lisibilité des usages y est plus stable, même si le quartier continue d’évoluer.
3. Cohérence interne et fragmentation
Deux Plateaux présente :
- forte hétérogénéité entre îlots voisins,
- écarts marqués de standing, de hauteur et de fonctions,
- micro-différences influençant la valeur d’usage.
Le marché y est fonctionnel mais fragmenté.
Angré présente :
- segmentation plus nette par zones (Angré 7e, 8e, Château, etc.),
- transitions plus lisibles entre sous-ensembles,
- cohérence interne plus forte à l’intérieur de chaque micro-zone.
La fragmentation existe, mais elle est mieux structurée spatialement.
4. Dynamique d’évolution du parc
Deux Plateaux évolue par ajustements continus : rénovations, reconversions, densification ponctuelle. Angré évolue par absorption progressive de nouvelles capacités : nouveaux immeubles, nouvelles zones, montée en gamme graduelle. Cela produit deux temporalités différentes :
- un marché très réactif à Deux Plateaux,
- un marché progressivement stabilisant à Angré.
5. Ce que cette comparaison révèle sur la maturité résidentielle
La densité n’est pas un indicateur de maturité résidentielle :
- Deux Plateaux illustre un marché dense et adaptable, mais structurellement hétérogène.
- Angré illustre un marché dense en construction, où la lisibilité et la cohérence tendent à s’améliorer avec le temps.
La maturité dépend de la capacité du marché à offrir des usages prévisibles dans un environnement cohérent, et non du volume de logements ou du niveau de densité.
Conclusion
Angré et Deux Plateaux partagent une apparence similaire sur la carte urbaine d’Abidjan, mais incarnent deux logiques résidentielles distinctes :
- l’une fondée sur l’empilement et l’adaptation,
- l’autre sur l’extension et la structuration progressive.
Comprendre cette différence est essentiel pour analyser le fonctionnement réel du marché résidentiel, au-delà des classifications simplifiées.
Questions Fréquentes
Angré et Deux Plateaux sont-ils des marchés similaires ?
Non. Bien que leur densité soit comparable, Deux Plateaux fonctionne par empilement et adaptation, tandis qu'Angré se développe par extension structurée.
Quelle zone présente une lisibilité des usages plus stable ?
Angré, en raison de typologies homogènes et de transformations plus lentes et visibles.
La densité reflète-t-elle la maturité résidentielle ?
Non. La maturité dépend de la cohérence et de la prévisibilité du marché, pas du volume de logements.
Pourquoi comparer ces deux quartiers ?
Pour comprendre que des zones apparemment similaires peuvent avoir des logiques résidentielles très différentes, influençant la structure et la stabilité du marché.